Éloge de la persévérance

Cette semaine a été vraiment très difficile.
Depuis quelques semaines même, l’attente du départ se fait pénible… C’est un peu comme si on vous mettait un gâteau à l’allure délicieuse sous le nez, que vous le prenez délicatement avec votre main de peur de l’abîmer, vous l’admirez avec envie et vous vous apprêtez à mordre dedans lorsque quelqu’un vous l’enlève sous le nez…
J’avoue que moi, conditionnée par un certain esprit de notre génération du « tout, tout de suite », j’ai traversé des moments d’intense découragement et incrédulité. Lorsque nous semblions arriver au bout de l’aménagement du camion - intérieur et mécanique - un nouveau « problème » pointait le nez…
Sans rentrer dans les détails, alors que tel élément mécanique - que mon ignorance dans ce domaine ne me permet pas de nommer - semblait fonctionner dès le départ, il décide subitement de marquer un arrêt de travail… Puis, au moment où on est convaincu que celui-là est décidé à collaborer, d’autres manifestent tous les signes qui laissent craindre l’avènement d’une grève générale... !
Finalement, après avoir tordu le coup aux caprices d’une série éléments techniques arborant des noms les uns plus saugrenus que les autres (figurez-vous qu’il y a un de ces trucs qui porte le nom pompeux et presque aristocratique de « bourrage de vilebrequin » !) , ce fut le contrôle technique qui décida - à tort en plus ! - que nous partirions ultérieurement. En effet, il semblerait que notre véhicule, occupant le statut impressionnant de « camion », soit obligé de comporter un tachygraphe (c’est la machine qui définit les temps de repos et de roulage des routiers…) et un limiteur de vitesse (c’est, je pense, parmi les pièces mécaniques la seule qui ne nécessite pas d’explication, à part peut-être « moteur » ou « essuie-glaces »…). Évidemment, nous avions déjà mené nos recherches là-dessus lorsqu’on avait procédé à l’achat du camion. Il y a donc un certain temps… Et vu que nous n’avions pas installé ces deux appareils c’est que nous avons conclu, d’après ces recherches, qu’il n’en fallait pas. Le souci c’est qu’au moment du contrôle technique nous ne savions déjà plus pourquoi (les arguments légaux) il n’en fallait pas dans notre véhicule… Donc, ils n’ont pas voulu que nous passions le test du contrôle technique étant donné qu’on partait déjà sans les éléments qui, selon eux, étaient exigés par la loi.
Finalement, de nouvelles recherches et une confirmation administrative ont confirmé nos premières conclusions… Mais, entretemps, pas de contrôle car nous venions d’amener la voiture au garage pour un dernier réajustement : le remplacement du kit d’embrayage. On est malgré tout contents : on récupère le camion endéans les deux jours, on lui fait passer le contrôle,…on part !!!...Et on apprend, par le garagiste, que l’accessoiriste a livré un mauvais kit… Je ne vous explique pas la suite, mais cela a encore retardé le départ.

Depuis le début de ce projet nous en avons connu d’autres… Ici, je ne fais que brosser le tableau de ces derniers jours. Mais toute épopée n’est-elle pas parsemée d’épreuves, de monstres qu’il faut combattre, d’étranges et ténébreuses forêts à traverser… ? L’élixir tant recherché se trouve souvent au bout du chemin, mais la quête a rendu l’héros plus fort, l’a grandi…
Cette quête nécessite certaines qualités : la vaillance, la foi, l’Amour. Et je ne parle pas ici de la quête en termes de résultats (c’est grâce à ces qualités que le héros retrouve son élixir), mais en termes de persévérance (c’est la persévérance qui fait le héros et non qu’il ait ou pas retrouvé l’élixir…).

Alors voilà, pour le premier texte de ce blog mon cœur m’a dicté un éloge de la persévérance. Et cela parce que j’ai à mes cotés un homme qui incarne parfaitement cette qualité, je dirais même, dans son cas : cette valeur.
Depuis qu’on rêve de ce projet, sa foi, sa vaillance, son Amour n’ont jamais flanché.
Même face à l’incompréhension de ceux qui, au récit de nos difficultés, ont cru que nous ne faisions pas les choses comme il faut, ou que nous ne faisions pas assez, ou qu’on se compliquait la vie… Même face à l’incrédulité de ceux qui ont fini par croire que nous ne conquérions jamais un millimètre de tarmac… mon héros à moi a continué de cultiver l’Amour pour son rêve - notre projet -, de nourrir sa foi et d’entraîner sa vaillance. Et le plus énorme est qu’il est sans jugement face à ceux mêmes qui le jugent du haut de leur confort et de leur vie parfois un peu aseptisée… Vous voyez : moi, je juge ! Et moi, je me décourage aussi, je râle, parfois j’ai eu envie de tout laisser tomber et de ne plus y croire, je me suis retirée parfois, je m’y suis remise avec ardeur… Pour moi, je crois, l’élixir de cette quête, ma conquête à moi dans cette aventure : la persévérance. Pourvu que j’y parvienne. Mais si je n’atteints pas le résultat, ce n’est pas grave : j’aurais déjà appris la patience… C’est un début !
Et puis, ma pierre à l’édifice est d’un autre matériau, mais de cela on parlera certainement une autre fois… !
Gisela

La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit.
Oscar Wilde
Spécial dédicace pour mon amour et sa persévérance qui ont rendu ce rêve possible...

Ce n'est pas une preuve de bonne santé que d'être parfaitement intégré dans une société profondément malade.
Jiddu Krishnamurti